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DITES À VALENTINO QUE NON, LES « STRIPPER HEELS » NE SONT PAS TENDANCE

La Maison de haute couture italienne vient de ressusciter les chaussures préférées de vos strip-teaseuses préférées. Loin du chic, ce sont davantage de généreuses entorses et d'insistants regards incompris qui habilleront le quotidien des matamores de la tendance. Et si, finalement, les Stripper Heels s'arboraient telles l'emblème politique d'une génération en quête de liberté?


Comme si on n’avait pas déjà assez de problèmes, la Maison de haute couture italienne vient de ressusciter les chaussures préférées de vos strip-teaseuses préférées. Loin du chic, ce sont davantage les généreuses entorses et les insistants regards incompris des passants qui habilleront le quotidien des matamores de la tendance. Mais si, finalement, les Stripper Heels s'arboraient justement telles l'emblème politique d'une génération en quête de liberté? / Topwalk Magazine 2021 / Melissa N'Dila
Les "Stripper Heels" étaient les stars du défilé printemps-été 2021 de Valentino ©Courtesy of Valentino

Vous aussi la crise sanitaire du Covid-19 avait jusqu’à présent réussi à vous faire croire que le combo «sweat à capuche sale, jogging trop court et pantoufles trouées» était la tendance à réitérer durant l’année 2021? Il s’avère que l’élite du glamour en a décidé autrement. Mais attendez avant de la remercier.


Le 26 janvier 2021, Valentino prenait quartier à Rome au sein de la Gallerie Collona dans le cadre des défilés haute couture des saisons printemps-été 2021. Pour la nouvelle collection de la griffe transalpine intitulée «temporelle», le directeur artistique Pierpaolo Piccioli a imaginé des tenues qui tutoient les dieux de l’extravagance. L’événement a en effet laissé place à une pluie de rayonnement interstellaire parmi lesquels ont pu éblouir des cols roulés à l’apparence d’or massif ou de savantes guirlandes en guise de fourrure tout juste pas subtiles. Ressembler à un polygone pailleté, voilà l’ambition qui a émané des mannequins au regard toujours aussi vide (que quelqu’un leur rende leur âme). Au regard de ce tableau luxe faussement psychédélique, le couturier a expliqué au magazine Vogue:

«Je pense que l'élégance n'est pas une question de bon goût, mais juste d'un peu d’audace»

Un peu, vraiment? Parce qu’au niveau des talons, l’Italien élu meilleur couturier en 2018 a vraisemblablement tenté d’honorer son titre en prenant plus que jamais son pied dans leur structuration.


Massives, flashy et hautes sur patte, les «Stripper Heels» que le politiquement correct a contraint Valentino a renommé «Towering Heels» (Parce que « tower » ça veut dire « immeuble ». On rigole bien chez les fashionistas) sont vénérées par les plus grandes stars du système. De Lady Gaga aujourd’hui à David Bowie hier, les célébrités se sont en tout temps procurées ces prêtresses de la plate-forme, non pas pour leur praticité, mais bien pour leur capacité à rhabiller de narcissisme les égos en mal de vivre. Mais dans la vie – la vraie – a-t-on réellement besoin de toute cette attention qui ô grand jamais ne s’accompagne d’admiration? Portez-les au quotidien, vous verrez l’enfer sur terre.


Epicentre des regards indésirables


Comme si on n’avait pas déjà assez de problèmes, la Maison de haute couture italienne vient de ressusciter les chaussures préférées de vos strip-teaseuses préférées. Loin du chic, ce sont davantage les généreuses entorses et les insistants regards incompris des passants qui habilleront le quotidien des matamores de la tendance. Mais si, finalement, les Stripper Heels s'arboraient justement telles l'emblème politique d'une génération en quête de liberté? / Topwalk Magazine 2021 / Melissa N'Dila
Stripper Heels ©DR

A peine monté.e sur ces échafaudages dernier cri et il y a fort à parier que 48 secondes plus tard les sols des rues dans lesquelles vous aurez voulu dévalé votre assurance se transforment en fidèles compagnons d'infortune. Parce que oui, trouver l'équilibre sur des Stripper Heels demande une maîtrise de soi que jusqu'à ce jour seules les meilleurs strip-teaseuses des Etats-Unis peuvent se targuer de posséder entre deux lap dances ultra sportives. Mais jusqu'à preuve du contraire, vous n'êtes pas un.e pro de ce type d'acrobatie. En tant que personne lambda tentant un temps soit peu de suivre les tendances, votre seul but à cette heure est de parvenir à trouver un moyen d'entrer dans ce bus sans vous briser la nuque. C'est là qu'apparaît le second inconvénient: l'infrastructure qui manifestement méprise le/la citoyen.ne mesurant 2 mètres. Alors à vous de tordre votre merveilleux cou si vous voulez passer les portiques. Parce que oui, piétonner plus de 150 mètres sur ces paires relèvent d'un caractère sportif que vous avez évidemment abandonné après les deux premières semaines du semi-confinement initial.


Mais le pire arrive. Comme le dit si bien Sartre, «L'enfer c'est les autres» . De ce fait, jamais vous n'aurez attiré autant de regards sur votre joli minois. Et détrompez-vous, ce sont vos pieds (ou plus certainement votre démarche inquiétante) que les passants fustigent du regard. Ou que vous passiez, vous vous métamorphosez en véritable personnage de cirque, épicentre de tous les questionnements et nombreuses moqueries. Et c'est là finalement peut-être bien le réel problème sous-jacent: ces jugements.


Symbole de liberté


Dans une époque qui ne cesse de célébrer la diversité et combattre pour ses libertés, comment est-il encore possible de voir un style vestimentaire saboté par des esprits étriqués? L'attrait connoté «femme infréquentable car employée de l'univers de la nuit» dont disposent les Stripper Heels n'a plus lieu d'être aujourd'hui puisque jamais les chaînes injustifiée de l'hypersexualisation n'ont été autant remises en cause.

«Il semble que nous ayons atteint un point où le féminisme ne se limite pas à un look prescrit. Vous pouvez porter des baskets ou des talons bas [...] ou encore des mini-robes et des Stripper Heels et restée féministe: c'est à vous de décider comment vous voulez l'exprimer. [...] Le jugement doit être levé et l'objectivation des femmes est finalement quelque chose dont nous devons nous éloigner.», explique même le magazine 5inchandup dans un récent article.

Alors oui, ces chaussures sont compliqué à monter, présentent un écrin un brin too much pour certains. Cependant, les modeux et modeuses sont saluées dans leur volonté à briser les codes, tentant de sauver une génération désabusée par la liberté d'être et d'exister comme bon lui semble. Alors non, les Stripper Heels ne sont pas tendance. Mieux que ça: elles sont politiquement nécessaires car pouvant manifestement être érigées en véritable emblème de la liberté. Puis après tout, s'il y a encore des boomers qui se pavanent en toute impunité habillé d'un pantacourt en 2021, toute autre audace ne peut qu'être acceptée.


Sources: -,-,-,-,-

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